Le chardon
Il est en moi, furtif, cet enfant au cœur triste
Qui ne comprenait rien dans la rive des jours,
Affamé d’un dessein lui échappant toujours,
Ebloui de lumière au milieu de la piste.
Oh, certes, j’ai grandi parmi ce désarroi,
Comme un chardon, peut-être ou comme renoncule,
Mon pétale doré d’un amour majuscule
Frissonnant sous le vent et son amer charroi.
Je n’ai su jardiner au champ clos de ma friche,
La récolte est mauvaise et ma source tarie.
À mon bras, quelquefois, la muse qui s’affiche
Est frigide maîtresse, aux doigts durs et crochus,
Qui exhibe, au miroir de mon âme marrie,
Le reflet de l’enfance en ses désirs déchus.
avril 2012