Pavane pour une infante défunte
Pour marquer les quatre années d'existence de mon blog, chaque jour de mars 2018,
je publierai deux poèmes, le second étant une réédition de l'un de ceux
publiés en mars 2014. Le choix de ce dernier sera celui du cœur...
De Velázquez à Ravel, plus que le Boléro, j'aime cette délicate mélodie qui semble se réfugier hors du temps, pavane pour une infante défunte qui doit sa dénomination, dit-on, un rien moins que poétique, à la douce allitération qui vient ourler de mots la noblesse du propos...
Lente, si lentement, la pavane commence…
Grave, si gravement, pourrait-ce être une danse ?
Triste, si tristement, pour une pauvre infante,
Sous les doigts de Ravel, la pavane s’invente.
L’automne s’y effeuille, à l’amble d’un frisson,
Aux ramures cherchant un chœur à l’unisson
Et c’est comme un tombeau, une pierre oubliée,
Où quelque oiseau s’esseule à force de prier.
Il semble par moment que la musique appelle,
Complainte murmurée contre la mort cruelle,
Qui vient coucher un songe au morne éclat d’un cierge.
Et c’est un Velázquez imaginé dans l’ombre,
Une grâce, un soupir, pur au sein d’une vierge,
Dont la lèvre, pâlie, éclaire la pénombre.
septembre 2008