En l’aube ultramarine

Publié le par Lionel Droitecour

... Il nous reste à ouvrir, béants vers la lumière, / L’arcade sourcilière en son idéation ...

... Il nous reste à ouvrir, béants vers la lumière, / L’arcade sourcilière en son idéation ...

J’ai ouvert mes battants devant l’aube opportune,
Le jour qui vient sera l’antre des canicules,
L’été culmine au front des hommes en labeur,
À verser ses sueurs en bruines sur nos peaux.

Pourquoi se plaindre, ainsi, lorsque les jours sont beaux ?
La gente va, maussade à chercher la fraicheur,
Traînant un morne ennui vers de vains crépuscules,
Et geint, comme encombrée d’une bonne fortune.

L’inaccompli, en nous, parait être un destin,
Le désir est un frein et la possession
Une pâle illusion répandue en nos mains,
Qui fuit, comme le sable, et nous prend à témoins.

Il ne reste bientôt que le vide en nos poings,
Cendres d’âmes seront tous ces pauvres humains,
Hâtant le pas, amère et sombre procession,
Tout entière occupée à mordre en ce festin.

Nous ne sommes jamais que des ombres portées,
Projetées en écho par la brume solaire,
Vibrations de matière en la danse cosmique
Particule, fraction infime en l’infini.

L’univers est en nous un lieu mal défini,
Résonance imparfaite en ce doute endémique
Qui façonne la chair en notre absurde chaire,
Pareille au contrepoint en d’obscures portées.

Et nous bruissons partout de toutes nos musiques,
Répandons sous l’azur, au son des vanités,
Notre parole creuse et notre ego de verbe,
Parades insolentes de rythmes guerriers.

Mais ce triste animal, du fond de ses terriers,
Qui ne sait que piller la belle et bonne gerbe,
Palabres si souvent faites d’insanités,
Ne fait que ressasser de creuses phlogistiques.

L’être est assis au cœur d’un si vaste mystère,
Chaque pas de la science agrandit ces contours,
Nous ne savons de plus, en vérité, du ciel
Qu’une l’immense imposture en la matière noire.

Nos viscères ne sont qu’un songe dérisoire,
Nos âmes l’artefact d’un fruit immatériel,
Le discours inconstant de nos graves atours
Dans l’onde, évaporée tantôt, sur cette terre.

Sueurs sont nos actions et nos rêves de gloire,
Toute l’académie et l’université,
Volumes rassemblés en nos bibliothèques,
Et ce que nous parons du nom de connaissance,

Le champ de la pensée et même l’innocence :
Postérité des humbles australopithèques,
De l’ancêtre inconnu en sa diversité,
D’un chœur premier, jadis, qui hante la mémoire.

Rien de plus que ce flux irriguant nos poitrines,
Au battement latent d’un cœur lourd et constant,
Nous ne sommes jamais qu’en l’interrogation,
La vie est la propriété de la matière.

Il nous reste à ouvrir, béants vers la lumière,
L’arcade sourcilière en son idéation,
Dans l’espace ajouré que définit le temps
Pour s’en faire manteau en l’aube ultramarine.

juillet 2013

 

Publié dans Spiritualité

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