Les fous et les gueux
Ce qui se joue ici, dans la stance mortelle,
Puisque vivre est un leurre où git la fin cruelle,
Réside en l’instant seul de notre battement
En ce cœur, découvert, dessous le firmament.
Hier est mort, demain n’est qu’un songe dolent,
Ce que la main enserre, un deuil sanguinolent,
En tous nos apartés, dans la course des jours,
N’est qu’une ombre éphémère, éparse aux contre-jours.
Voici, je veux durer, mais tout fuit et s’échappe,
Construire dans le marbre, au banquet du satrape
Ne console jamais que les fous et les gueux.
Le sage, lui, se perd à contempler les cieux,
Y cherchant la pensée qu’imageront ses yeux
Dans la fumée d’un songe où s’immolent les dieux.
décembre 2011