Effarement
J’ai commencé ma vie par un chagrin d’amour.
Je n’étais pas celui qu’il aurait fallu être
Et l’on m’a regardé croître sans joie. Ainsi
Je contemplais le monde avec effarement.
Je retenais ma vie, je retenais mon souffle,
Je souffrais sans un bruit avec au cœur l’espoir
D’être enfin reconnu. Tout entier, j’exprimais,
Mais sans dire un seul mot, ma présence inutile.
Je ne comblais personne et le savais déjà,
Lorsque j’étais petit, puis le manque a mûri
Dans mon âme blessée, qui gonfle en ma poitrine.
Dans ce vide, toujours, j’erre comme un damné
Au monde, sans ego, ni savoir qui je suis,
Amer, désemparé, aveugle et suranné.
octobre 2000