Inatteignable truffe

... Tout le bonheur d’aimer en la simple bouchée ...

Une truffe par jour, pour seule gourmandise,
Non point du mycélium mais de l’humble cabosse ;
Peu à peu transformée par un homme de l’art,
En la source d’or brun d’où le plaisir s’exhale.

Incises, nos papilles, cèlent comme un râle
En l’exquise splendeur où l’ombre trouve part
L’in-satiété du goût, inerte, en ronde bosse,
Excroissance vitale où l’orbe, enfin, nous grise.

Tout le bonheur d’aimer en la simple bouchée,
Alacrité joyeuse parsemée d’essences
Où le parfum d’alcool illumine un désir.

En cette volupté il nous faudrait gésir,
Hélas, elle s’estompe et fuit, de ces absences
Il nous reste, fragrance une chose intouchée.

février 2016