Môle de l’absence

Publié le par Lionel Droitecour

... Cherche, vain histrion le radoub de ta voie ...

... Cherche, vain histrion le radoub de ta voie ...

J’ai éteint le dernier lampion des jours passés
Dans les lueurs froidies du petit matin blême.
C’est ainsi de nos fêtes bientôt désertées,
Dans le joug retrouvé de notre solitude.

Hier rejoint sans heurt les sentes d’hébétude,
Nos aubades s’en vont, toutes déconcertées,
Dans un reflux maussade, aux rives du poème,
Pareil aux songes gris de nos remords lassés.

Demain, en cet emport, n’est qu’une aurore nue,
Une fresque anonyme aux frontons de nos guets,
La vigie sans espoir d’une terre abhorrée
Vers l’horizon perdu d’une impossible joie.

Cherche, vain histrion le radoub de ta voie,
Complait ton agonie en cette logorrhée,
Aux abords de ton doute il subsiste des gués,
Traverses, hors du sens, intactes sous la nue.

Là dans la frise vague en la prochaine rime,
Git l’atone bonheur de ton désir sans but,
Il est de cette espèce où sont les rêveries,
Fantasmes sans apprêts de l’inconscient pluriel.

Qu’importe la voilure à frémir sous le ciel,
Qu’importe le dédain des fières égéries,
Tu vis dans le débord de cet humble rebut :
Pareil aux éphémères, danse sur l’abime !

Le destin n’est qu’un lieu pour la forfanterie,
La vanité bruyante aux stupides idoles,
De la creuse folie demeure circonspect,
Ecarte toi de ce qui peuple le néant.

Nous ne sommes après tout que cet esprit béant
Qui s’invite, hâbleur, dépourvu de respect,
Aux fontaines du dire en folles paraboles,
De son insignifiance outrant la braderie.

Il ne reste de digne, ici que le silence,
La réserve du simple au taillis du hasard,
Et dans l’ombre sereine ou passent nos émois,
La douceur de l’instant pour broder cette fleur.

Il nous faut transcender notre intime douleur,
La flèche inaboutie évadée du carquois
Vole vers l’infini sans chercher le regard
Et sa cible est un môle au chevet de l’absence.

1er janvier 2016

Publié dans Spiritualité

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