Ainsi l’hiver bougon
Toute d’altière enjambées, la belle passe,
Je la regarde, sur le quai, et je rêvasse ;
La beauté qui paraît certainement terrasse
Un vieux cœur fatigué, figé comme la glace.
Ainsi l’hiver bougon s’étonne du printemps,
Ainsi, vierge, la neige immole nos instants,
Quand nous voyons périr, en rayons inconstants
L’astre en nous qui s’éteint et songe à son vieux temps.
Me voici devenu, las, ce vieillard en berne,
Qui moud sa destinée, en sa triste giberne,
Dans le jour sentencieux où sa parole hiberne.
Il me faudra tantôt, tirer ma révérence,
Adieu vertes années de mon exubérance,
S’élève, en mes contrées, un chant de déshérence.
décembre 2014