Germinal

Publié le par Lionel Droitecour

... Et notre œil sous le ciel, immense et vaste baie qui contemple nos fronts comme un grain à germer ...

... Et notre œil sous le ciel, immense et vaste baie qui contemple nos fronts comme un grain à germer ...

1.
À devoir au rebut porter chaque journée,
Sur des instances vaines, des autels factices,
À perpétuer sans cesse une geste obstinée,
Un labeur sans désir en de mornes décrues ;

À devoir, et sans fin, arpenter mêmes rues
Aux artefacts où va la triste destinée
Pour induire en l’esprit, comme de lents supplices,
Les escarres du temps, en la chair chantournée ;

À sentir qu’on se perd sans jamais rien prouver
Dans la nasse sans joie d’un quotidien banal
Et que rien, non, jamais, ne porte un devenir ;

Ainsi, sur nos déclins, la mort peut survenir,
De ce peu de lumière éteindre le fanal
Pour engloutir en nous ce qui s’y peut trouver.

2.
Ce qui demeure alors dans la cendre mortelle
Après le dernier chant de l’ultime convive,
Ce feu dont la chaleur, un instant propagée
Allume des brasiers dont nous ne saurons rien ;

Cet élan dérisoire où nous fûmes ce lien,
Parfois, dans le silence ou dans l’heure outragée,
Et peut être ce mot qu’une flamme ravive
Au mitan d’un été dans une aube éternelle ;

L’irrationnel espoir qui nous porte à aimer,
À rapprocher d’une âme notre âme qui bée
Pour y cueillir un fruit, peut-être dans la tourbe ;

Puis ce doute qui vient et toujours nous embourbe
Et notre œil sous le ciel, immense et vaste baie
Qui contemple nos fronts comme un grain à germer.

août 2011

Publié dans Spiritualité

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A
Très beau texte et fidèle description de notre monde, où nous avançons machinalement, poursuivant des buts chimériques et vains...<br /> <br /> "À perpétuer sans cesse une geste obstinée,<br /> Un labeur sans désir en de mornes décrues,<br /> ...<br /> À devoir, et sans fin, arpenter mêmes rues<br /> ...<br /> À sentir qu’on se perd sans jamais rien prouver<br /> Dans la nasse sans joie d’un quotidien banal<br /> Et que rien, non, jamais, ne porte un devenir"
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