Sous l’aplomb du remord
Je ne suis sûr de rien pour ce qui me concerne,
J’avance dans l’obscur où le doute me cerne,
Je ne dis plus « qui suis-je ? », hélas, mais « qu’ai-je été »
Dans ce vide des mots qui fuit le morne été.
Le bilan de mes jours n’est qu’un peu d’encre sèche,
Ma cire, consumée là où fume la mèche
N’éclaira jamais plus qu’une proche lisière.
Non, je n’ai rien connu qui semble une lumière.
Sous les voûtes du temps, où mon pas résonna,
Nul écho ne vit plus ; où ce chœur frissonna,
Jadis en l’harmonie d’une lointaine ivresse,
Il ne reste plus rien, sinon ce qui me blesse.
La nostalgie cultive en moi son vain appeau,
Ma frêle épaule nue, maigre sous l’oripeau,
Grêle, tel l’arbrisseau par-devant les froidures,
Have, tremble et frémit en ses pales épures.
Et ce deuil en ma nuit implore le silence
Au seuil désenchanté de cette humble cadence,
En moi, dans ce macabre, le vif et le mort
Dansent entrelacés sous l’aplomb du remord.
mars 2015