Paisible rivière
La musique est ce lieu d’un paradoxe étrange
Où, par le truchement de la feuille lignée,
L’interprète survient, qui courbe la matière
Au démiurge désir d’une onde intemporelle.
Voici qu’un songe ailé, dès lors, nous interpelle ;
Sous le graphe asséché, une ardente prière,
Tel l'écho retourné, comme s’ouvre au signet
La page retrouvée, nous abreuve et nous change.
Toute entière tournée vers son chant intérieur,
Une âme vient troubler ce corps enharmonique
Pour délivrer au monde un acmé de lumière.
S'écoule alors en nous la paisible rivière,
Où le silence, nié, se défait, famélique,
Comme ce nœud gordien qu’on nomme le malheur.
avril 2011
Goldberg Variations, BWV 988, arrangement pour orchestre baroque.
Parnassi Musici, sur instruments anciens :
Gunhild Ott, transversière,
Margaret MacDuffie and Matthias Fischer, violons,
Wolfgang Wahl, alto,
Stephan Schrader, violoncelle,
France Beaudry-Wichmann, viole de gambe et violone,
Hubert Hoffmann, luth,
Helene Lerch, clavecin et orgue.