Le marchand d’oubli

Publié le par Lionel Droitecour

Détail de l'affiche du film "Quo Vadis ? ", réalisé par Enrico Guazzoni, sorti en 1912

Détail de l'affiche du film "Quo Vadis ? ", réalisé par Enrico Guazzoni, sorti en 1912

Il est dessus l’esquive un pâle charlatan,
Bonimenteur faraud qui sans fin nous harangue,
Braillard de pacotille éventrant nos cœurs lourds
Et souillant, dans notre âme, un désir d’absolu.

Et ce marchand d’oubli en ses mémoires mortes
Empuantit toujours un peu plus, à nos portes,
L’air qu’il nous accapare en lustrant ses cohortes.

Etre libre, dit-il, c’est être dissolu,
Vaquer à son plaisir, ses pulsions, sans rebours,
S’en fourrer dans la bouche à se pourrir la langue
Comme une goule abjecte au regard de Satan.

Il est dessus nos sens un maître volubile,
Habile à promener sa trop vaste sébile
À nos regards trompés par son masque servile.

Et le monde n’est plus que ce foirail immense
Où le profit domine un peuple sans argent,
Qui fait briller sans fin une verroterie,
Un luxe d’apparat sur des écrans volages.

Et de l’homme distrait par ce désir sans but
Il se fait dans sa morgue un valet, attribut
D'un pays de misère, ainsi qu’un vil rebut.

L’être intime, pourtant, en compte les outrages
Et sait le faux semblant de cette loterie,
Société où partout se devine un sergent
Prêt à nous agonir aussitôt que l’on pense.

Le tyran n’est pas mort et ce très vieux monarque,
Moderne zélateur, en son diktat nous marque
Et nous prescrit le rôle où son vouloir nous parque.

Plèbe en la glèbe encor comme au temps de Néron
Nous le voyons détruire en jouant de sa lyre
Au nom du rendement nos ressources ultimes
Assassinant l’espoir jusqu’à son fondement.

Comme un dieu sans mesure la spéculation
Arase les sommets pour s’en faire un bastion,
Régnant sans satiété au nom d’une ambition.

Et, dociles toujours jusqu’au renoncement
Les peuples trop patients, trop longtemps magnanimes,
Tolèrent ce voyou que l’on va réélire,
Soumis aux vains arrêts de ce morne baron.

juillet ‎2011

Publié dans Citoyen

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D
Ho ho ho !!!<br /> Un texte qui nous montre que l'ami Lionel a trouvé (probablement après moults refléxions et discussions (le mardi ? ^^)) le bon chemin ... puisqu'il nous dévoile, au détour des derniers vers de ce chouette poème, qu'il a enfin compris la vacuité du système électoral actuel, censé nous garantir la &quot;démocratie&quot; (sic!), alors qu'il ne fait que nous enfoncer dans une servitude volontaire chère à l'ami LaBoétie ... ;)
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D
Je note donc que ta volonté de &quot;réfréner&quot; se rattache directement au risque de censure ... et non pas au &quot;principe&quot; lui même de la muse et de sa nudité ...
L
Quant à ce qui est de poser nu devant moi, réfrénons, je te prie, cette sensualité hors de propos. Nous risquons céans la censure de l'over blog...
L
Il se pourrait que tu puisse. Je suis pour l'instant devant mon PC en train de travailler à la publication de mon opus du 2 décembre. Et j'ai mon t'es laid, faune à portée demain...
D
Bon ben écrire vite fait entre 2 appels n'aide pas à la précision grammaticale ...<br /> Merci donc de réctifier &quot;Quelle joie&quot; ... et &quot;je pourrais&quot; ... *
D
Quel joie (sincère) d'apprendre que je suis un peu ta muse ... Même que je pourrai poser nu et allongé sur une peau d'ours devant toi si cela pouvait participer à tes fulgurances littéraires et poétiques ... ;) ;) ;) ;)<br /> Par contre concernant ton fiel et tes esclaffements sardoniques tu peux les remballer parce que cela n'a absolument rien à voir !!!!<br /> (ps : je peux t'appeler dans la journée, fin de matinée ou début d'après-midi ?).
L
En fait, c'est toi qui l'a écrit, ce poème, par bribes, de mardis en mardis. J'ai juste pris des notes et ajusté les rimes.<br /> Ainsi est-il bon, quelquefois, de corréler ses gestes et sa pensée. Je pense d'ailleurs que tu as du renoncer laisser inscrire ton nom sur quelque liste que ce soit d'un quelconque syndicat réformard ?<br /> Gnarrk, gnark, gnark. (tentative de description onomatopesque d'un rire sardonique...)