L’autre

Publié le par Lionel Droitecour

... Mais le tiens à distance, et, fort civilement, je l’insulte au matin, quand nous nous faisons face ...

... Mais le tiens à distance, et, fort civilement, je l’insulte au matin, quand nous nous faisons face ...

De lui, depuis longtemps je me voudrai dépris,
De sa lourde carcasse et de ses calembours,
Jeux de mots éculés, faciles traits d’esprit
Qu’il répète, ressasse, et remâche toujours.

Il s’attache à mes pas et me suit comme une ombre,
Au jardin de mes pleurs il tresse sa couronne ;
Quand je m’assieds, chagrin, tranquillement et sombre,
Il me parle d’automne. Et si je m’abandonne,

Sa poisseuse patience accoste à mon ennui,
Murmurant à mon cœur le poison de ma nuit,
Infecte tentation de mon renoncement.

Mais le tiens à distance, et, fort civilement,
Je l’insulte au matin, quand nous nous faisons face,
Debout, dans le reflet de mon armoire à glace.

juillet 2004

Publié dans Portrait

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